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Grégoire Jeanmonod

Du contraste avant toute chose...


Je suis un fan inconditionnel d'Elliott Erwitt.


Ce photographe, que les médias ont parfois surnommé "le Doisneau américain" pour sa poésie, sa tendresse et son humour, est une source d'inspiration inépuisable.


Et ce qui m'impressionne particulièrement chez lui, c'est sa capacité à jouer avec les oppositions. Beaucoup de ses photos mettent en scène des éléments qui, par leur forme ou leur nature, sont contraires l'un de l'autre.


La photo Empire State Building est un des exemples les plus manifestes. On y voit une femme de dos, au sommet d'un immeuble de Manhattan, regardant au loin la silhouette du plus célèbre gratte-ciel new-yorkais.


Ici, les contrastes sont multiples:

- clair vs foncé

- proche vs lointain

- grand vs petit

- pointu vs arrondi

- vivant vs inanimé


Sur un autre cliché, un chihuahua minuscule est tenu en laisse à côté d'un gigantesque dogue allemand dont on ne voit que les pattes.


Ailleurs, le consumérisme à la Pepsi Cola avoisine la spiritualité christique.


Quant à la dernière photo, Segregated Water Fountains, elle se passe de commentaire...


Ce qui est, je crois, très intéressant, c'est que ce sont ces oppositions qui font tout l'intérêt de ces photos. Un cliché de l'Empire State Building dans la brume peut être impressionnante, mais sans la femme au premier plan, l'image perdrait toute sa charge poétique. De même qu'un chihuahua a beau être un animal sympathique, sans la comparaison avec les pattes du dogue et les bottes de leur maîtresse... bref, vous m'avez compris.


Voilà la magie d'Elliott Erwitt: il juxtapose des contraires sans créer d'antagonisme. Les éléments en tension se mettent en valeur mutuellement au lieu d'entrer en compétition. Le grand bénéficie du petit, le clair du sombre, le proche du lointain, le pair de l'impair... le yin du yang, en quelque sorte.


Alors, une fois n'est pas coutume, je vous propose une lecture métaphorique de ce principe.


Et si nos équipes étaient des photos d'Elliott Erwitt? Et si les contradictions, les divergences, les profils opposés qui les composent étaient en fait leur richesse potentielle? Et si nous essayions de transformer les points de vue antinomiques en leviers de créativité et d'épanouissement, au lieu d'en faire des confrontations souvent préjudiciables pour toutes les parties?


Evidemment, cela demanderait d'ériger le respect, l'écoute et la confiance en valeurs fondamentales de tout collectif. Au dessus de l'égo, du nombrilisme et de la quête de performance individuelle. Et ça, la nature humaine étant ce qu'elle est, c'est pas gagné.


Alors voilà, le message est un peu mielleux, j'en conviens. Mais il fait si froid dehors : je me suis dit qu'un peu de chaleur et de douceur seraient les bienvenus... ;)

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