Mais pourquoi Warhol a-t-il écrit "Vote McGovern" sous le visage de Nixon?
Réponse: Parce qu'en politique, un votre "contre" égale un vote "pour".
Nous sommes en 1972, et les élections présidentielles se préparent aux Etats-Unis.
Le président sortant Richard Nixon, républicain, brigue un second mandat. Face à lui, le camp démocrate est représenté par George McGovern. Et ce dernier demande à Andy Warhol de réaliser une affiche pour soutenir sa campagne.
Warhol n’a pas pour habitude de s’engager en politique. Pourtant cette fois, il accepte.
Le problème, c’est qu’il ne souhaite pas concevoir un visuel à même de promouvoir le programme de McGovern. Il y va de son indépendance d’artiste.
Alors il opte pour une autre stratégie : plutôt que de faire campagne pour McGovern… il va faire campagne contre Nixon, qu’il déteste ouvertement.
Comment ? En s’attaquant à l’image du président, dont la réputation est déjà fragilisée. Régulièrement accusé de corruption par ses adversaires, Nixon voit en effet sa campagne bousculée par le scandale du Watergate qui vient d’éclater.
Fidèle à son procédé de sérigraphie, Warhol reprend une photo de Nixon, et l’affuble de couleurs criardes pour rendre son portrait aussi disgracieux – voire menaçant – que possible. Costume fuchsia, dents jaunes, peau bleue et verte, le tout sur un fond orangé qui donne l’impression que Nixon est au milieu des flammes de l’Enfer.
En présentant le président comme un démon aux allures de clown, Warhol invite les électeurs à donner leurs voix à son adversaire.
Ce soutien ne suffira pas à faire gagner le démocrate, et Nixon sera réélu haut la main. Mais l’affiche restera dans les mémoires. A tel point qu’en 2016, l’artiste Deborah Kass en produira une quasi copie avec le visage de Trump à la place de celui de Nixon, et l'injonction "Vote Hillary".
Conclusion : la réponse la plus évidente à un problème n'est souvent pas la seule... ni la meilleure.
Quand un problème nous est posé, notre premier réflexe, bien légitime, est de recourir à la solution la plus immédiate et évidente. Mais si nous prenons le temps de bien identifier les tenants et les aboutissants de l’affaire, en mettant au cœur de notre réflexion l’objectif à atteindre, il se pourrait que d’autres chemins apparaissent. Notre réponse sera alors plus originale, surprenante, impactante… et peut-être même efficace.