Laquelle de ces images est un authentique autoportrait de Marc Chagall ?
Un détail diffère entre ces deux tableaux. L’un est un original de Chagall, l’autre est une copie trafiquée sur laquelle il manque un élément crucial. Saurez-vous trouver de quoi il s’agit… et identifier l’œuvre véritable ?
Le bon tableau, c’est le premier, celui du haut.
La différence, c'est la main gauche de l'artiste : elle compte cinq doigts en bas (version modifiée)… mais sept en haut (version originale).
Chagall a peint cet autoportrait en 1912, alors qu’il vivait à Paris (d’où la Tour Eiffel), au milieu d’une tripotée d’artistes avant-gardistes dont il revendique ici le modernisme.
La toile sur le chevalet, c’est une référence à l’un de ses propres tableaux: « A la Russie, aux ânes et aux autres ». Le peintre réaffirme ainsi avec nostalgie ses origines russes.
Mais alors pourquoi cette main à sept doigts ?! Eh bien… les explications diffèrent. Il existe trois pistes :
- D’abord, ce serait une référence au chiffre 7, associé à la naissance de Chagall puisqu’il est né le 7 juillet 1887.
- Ensuite, ce serait un rappel de sa judéité, en évoquant la Menorah, le chandelier à 7 branches des Hébreux, plus ancien symbole du judaïsme.
- Enfin, et c’est l’explication qui me séduit le plus, ce serait la traduction d’une expression yiddish. « Faire tout avec ses sept doigts » signifie faire de son mieux, en mobilisant toutes ses ressources, psychiques comme physiques.
Quiconque a lu ou écouté des interviews de Chagall sait qu'il était empreint d’une profonde humilité : il ne serait donc pas étonnant qu’il livre un autoportrait en précisant, modestement, qu’il a fait "de son mieux".
Et c’est là, il me semble, la marque d’un artiste accompli. Non pas celui dont les toiles s’arrachent dans les salles de vente, mais celui qui, conscient à la fois de son talent et de ses limites, peut regarder son œuvre et dire : « Voilà ce dont je suis capable, c’est le mieux que je puisse faire à ce jour. »
Qu’on soit dirigeant, collaborateur ou indépendant, le regard qu’on pose sur soi-même est une donnée fondamentale dans notre rapport au travail, et dans notre conception du succès. Plutôt que de comparer nos résultats à ceux de nos concurrents, nous gagnerions peut-être à mesurer nos performances à l’aune de nos propres capacités. Sommes-nous à 100% de ce dont nous sommes capables ? Le jour où nous pourrons dire, en parlant d’un projet passé, que nous n’avons aucun regret parce que nous avons tout donné… alors nous aurons avancé sur le chemin de la sagesse. Parce que nous aurons réussi à conjuguer fierté et humilité. Après tout, n’est-ce pas ça qu’on appelle « s’accomplir » ?