Takashi Murakami
Super Nova
1990
Conjuguer le passé au présent
Star mondiale de l’art contemporain, le Japonais Takashi Murakami est connu pour ses œuvres aux couleurs acidulées et à l’esthétique résolument manga. Mais son travail, en apparence frivole et enfantin, est en réalité beaucoup plus subtil qu’il ne le paraît.
Son œuvre Super Nova, composée de sept panneaux de 3 mètres de haut juxtaposés pour former un ensemble de plus de 10 mètres de long, offre un excellent exemple de cette fausse futilité. Si ses motifs évoquent un univers de bande dessinée, l’œuvre rappelle, par l’assemblage de panneaux verticaux
autant que par son fond argenté, l’art des paravents laqués japonais du XVIIIème siècle figurant souvent des natures mortes. En associant un graphisme moderne et une tradition séculaire, Murakami donne un sens particulier à son œuvre: ses champignons monstrueux, qui invoquent – de même que le titre Super Nova – le souvenir récent des champignons atomiques de Nagasaki et Hiroshima, se trouvent associés à l’histoire du Japon, comme faisant partie intégrante d’un héritage aussi rayonnant que dramatique que le pays doit assumer dans une démarche de résilience.
Ce qu'on peut en retenir:
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La nouveauté semble parfois procéder d’une politique de table rase, comme s’il fallait tourner le dos au passé pour s’ouvrir à l’avenir. En réalité, convoquer un aspect du passé pour l’intégrer à notre projet peut donner à celui-ci du sens et du poids en l’ancrant dans une histoire dont notre modernité est issue.