Francisco Goya
Autoportrait avec le Dr Arriega
1819
Valoriser les efforts fournis
En 1819, le peintre espagnol Francisco Goya, alors âgé de 73 ans, tombe gravement malade. Fièvres, délires, paralysie partielle: bien que le diagnostique ne nous soit pas connu précisément, les symptômes sont assez violents pour que le vieil homme, considéré comme le plus grand maître espagnol de son siècle, croit son heure venue. Pourtant il se remettra de cette épreuve et vivra encore huit ans.
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Cette guérison inespérée, Goya la devrait selon lui à son médecin, le Docteur Eugenio Arrieta, venu lui administrer soins et remèdes. Pour le remercier, le peintre aurait pu réaliser son portrait: le prestige dont
jouissait Goya aurait fait de cette œuvre une marque de reconnaissance de très haute valeur. Au lieu de ça, il a choisi de se mettre en scène, alité et délirant, soutenu par le médecin qui s'interpose vaillamment entre le malade et les visions cauchemardesques qui le hantent, dans les ténèbres de l'arrière-plan. Et pour lever toute ambiguïté sur l'identité de son bienfaiteur, l'artiste a écrit en toute lettres, en bas du tableau: "Goya reconnaissant, à son ami Arrieta : pour la justesse et l'application avec lesquelles il lui a sauvé la vie dans son intense et dangereuse maladie (...)" Une manière de reconnaître, outre le talent du médecin, son implication totale auprès de son patient.
Ce qu'on peut en retenir:
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Pour remercier ou féliciter quelqu'un, nous avons naturellement tendance à constater un résultat, en parlant qualité, efficacité ou respect des délais. Mais ce sur quoi nous devrions insister d'avantage, c'est sur les efforts déployés pour en arriver là. Parce que prendre acte ouvertement de l'énergie investie par autrui dans une tâche, c'est reconnaître bien plus que sa compétence: à la fois son mérite et sa motivation.