Pierre Bonnard
Femmes au Jardin
1891
S'ouvrir à des cultures étrangères
En 1891, Pierre Bonnard est membre d’un groupe de jeunes artistes qui se font appeler les "Nabis", terme qui signifie en hébreu « prophètes ». Refu-sant la quête de réalisme et les enseignements académiques, le mouvement se réfère plutôt à des concepts spirituels, philosophiques ou éso-tériques, afin de rendre à la peinture sa dimen-sion « sacrée ».
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Pour bousculer l’esthétique occidentale, les Nabis se tournent vers des images venues d’ailleurs. Le Japon, qui vient de s’ouvrir au com-merce international après deux siècles d’isole-
Kikugawa Eizan
(1787-1867)
ment, est alors pour les artistes français une source d’inspiration originale, notamment grâce à une large diffusion d’estampes. Ces Femmes au Jardin offrent un bel exemple de ce « japonisme ». D’abord parce qu’elles constituent un ensemble de quatre toiles de format vertical (1,60 m sur 50 cm) conçues comme les panneaux d’un paravent japonais. Ensuite parce que son esthétique est d’inspiration nipponne: lignes pures et précises, à-plats de couleurs sans recherche de modelé, composition asymétrique, absence d’effet de profondeur… L’élégance parisienne, chez Bonnard, se conjugue au japonais.
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Ce qu'on peut en retenir:
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L’innovation, qui procède en général d’une réaction à des pratiques établies, puise souvent sa force non dans la négation de toute tradition, mais dans le recours à une autre tradition. Observer des cultures étrangères permet de modifier notre regard sur la nôtre: il s’agit de s’en inspirer, sans les imiter.