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Grégoire Jeanmonod

Expérience client : un vrai Bonheur


Rosa Bonheur était une star. Une des artistes qui a le plus - et le mieux - vendu du XIXème siècle, en France et jusqu'aux Etats-Unis.


Son truc, c'est la peinture animalière. Bœufs, chevaux, cerfs, lions ou antilopes.


Son talent lui a permis de s'imposer sur un marché assez peu enclin, il faut l'admettre, à célébrer le talent des femmes. Elle a ainsi été la première artiste féminine à recevoir la Légion d'Honneur.


Il faut dire qu'elle s'est donné les moyens de ce succès. Elle ne s'épargnait aucun effort pour approcher ses sujets, observer leur anatomie, leur chair, leur pelage, leurs muscles, leurs sabots...


Au point de négocier auprès de la préfecture de police une "permission de travestissement", qui l'autorisait à s'habiller en homme pour fréquenter des lieux interdits aux femmes, marchés aux bestiaux et abattoirs.


Elle a même fini par entretenir une véritable ménagerie dans son château près de Fontainebleau. Sa propre agence de mannequins, en quelque sorte.


Mais le plus étonnant, c'est qu'elle faisait preuve de la même exigence dans la dimension commerciale de son travail. Démonstration.


En 1853, elle expose sa toile la plus ambitieuse: le Marché aux chevaux. Presque 5 mètres de large sur 2,40 de haut : l'œuvre est monumentale et la critique unanime.


Alors qu'elle envisage de céder le tableau pour 12.000 francs, voilà qu'un éditeur et marchand d'art londonien, Ernest Gambard, lui en offre 40.000. Bonheur n'a jamais mieux porté son nom.


L'homme lui annonce qu'il compte exposer la toile en Angleterre, puis aux Etats-Unis. Mais avant, il veut la confier à un graveur pour en tirer une gravure qui pourra être largement diffusée par voie de presse.


L'artiste l'interrompt: "La toile est grande et trouvera, je le crois, difficilement place dans un atelier de graveur. Ne voudriez-vous pas que je vous en fasse une petite copie?"


Gambard n'avait pas réalisé que la taille du tableau, effectivement, poserait problème.


Et voilà que Bonheur, assistée par sa compagne la peintre Nathalie Micas, réalise une copie à l'échelle 1/4 de sa propre toile, pour l'offrir à son client. Ce dernier pourra ainsi non seulement en faire tirer une gravure parfaite, mais finira par vendre les deux versions séparément.


Voilà, il me semble, ce qu'est l'excellence dans l'expérience client : anticiper les difficultés que le client pourrait rencontrer et y apporter une solution avant même que le problème se pose. Pour faire en sorte, toujours, qu'il en ait pour son argent, et qu'à aucun moment il ne puisse en douter.


Et s'il est vrai que Rosa Bonheur avait elle-même intérêt, pour sa notoriété, à ce que son œuvre soit diffusée, nous avons, nous aussi, tout à gagner à combler nos clients.


Car de souscripteurs, ils deviendront prescripteurs... et ne manqueront pas d'assurer notre publicité en racontant ce que nous avons fait pour eux.

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